Genre : Roman épistolaire
Résumé
(extrait de l’avant-propos de Pierre GOUBERT – avant-propos que je suis contente d’avoir lu après le roman de Jane Austen en question car encore une fois, il nous dit tout, spoile l'histoire dans son ensemble ce qui est déjà fort regrettable et ne laisse aucun mystère, aucune chance de le découvrir avec des "yeux neufs", dénué des ressentis et interprétations d'un autre : heureusement que je ne me fais plus avoir !) :
« Isabel presse son amie Laura de raconter à sa fille, Marianne, les aventures et malheurs de sa vie.
Comme cette amie est maintenant âgée de 55 ans, Isabel pense qu’elle est parvenue au terme de ses épreuves.
Laura n’est pas du même avis mais consent à tout dire dans une série de lettres qui constituent autant de petits chapitres.
(…) »
Ce que j'en ai pensé :
Il s’agit ici d’une des Juvenilia, œuvres de jeunesse de Jane Austen, écrites quand elle était âgée de 11 à 17 ans soit entre 1787 et 1793.
C’est un court roman épistolaire dans lequel Laura, amie d’Isabel, raconte les déboires de sa vie passée à la fille de celle-ci, Marianne.
L’auteur use d’un ton emphatique, très maniéré, ampoulé, qui m’a un peu déstabilisée au départ mais j’ai mis cela sur le compte de sa jeunesse or, il n’en est rien : c’est le ton utilisé par Laura dans ses lettres et non le sien, il serait dommage de se méprendre, je l’ai compris plus tard dans ma lecture.
On voit qu’elle se moque doucement de son héroïne, qui se dit dotée d’une grande sensibilité, mot qui revient très souvent dans cette correspondance mais fait surtout preuve d’une parfaite mauvaise foi, a tendance à s’emballer très vite en amour et en amitié, dispensant l’un et l’autre à tort et à travers et entraînant dans son sillage de pauvres jeunes filles naïves et innocentes, comme Janetta.
Elle aime à parler d’elle-même et à se poser en victime, même quand sa conduite frise l’immoralité –
qu’est-ce que j’ai ri quand, avec Sophia, elles arrivent à retourner la situation à leur avantage quand McDonald les prend la main dans le sac, en train de le voler et que ce sont elles qui ont le culot de se sentir outragées !
Un grand moment !
Elle tombe également en pâmoison ou défaille à tout bout de champ !
Bref, le portrait d’elle dressé par l’auteur ne lui est pas très favorable mais là encore, Jane Austen le fait avec ironie et sarcasme, les faisant passer, elle et Sophia, pour de parfaites idiotes, égoïstes et hypocrites, pour le plus grand plaisir du lecteur !
Le récit n’a ni queue ni tête, ce qui le rend d’autant plus drôle et ne fait qu’accroître le ridicule des deux jeunes femmes et des situations plus rocambolesques les unes que les autres dans lesquelles elles se trouvent !
Un roman à prendre au second degré donc, qui m’a beaucoup fait rire et qui permet d’entrevoir tout le talent de la future grande écrivaine et montre cet œil malicieux, acerbe et d’une grande acuité qui lui est propre et qu’elle porte déjà sur ses personnages et le monde qui l’entoure.
On pourrait peut-être lui reprocher un certain manque de subtilité, dans le sens où les défauts de son héroïne sont vraiment « grossiers » et son ironie n’est pas encore aussi déguisée que dans ses œuvres maîtresses mais il faut bien comprendre que l’on a ici affaire à une satire, un pastiche des romans sentimentaux très en vogue à l’époque et c’est franchement réussi !
J’ai pris un réel plaisir à la lire ! J'ai même eu l'impression de ressentir l'amusement éprouvé par son auteure lors de son écriture !
Lu dans le cadre de la journée "romancière anglaise"
De la même auteure, sur le blog :
Je suis contente : il m'en reste encore plein d'autres à découvrir ! ^^