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Délivrances de Toni MORRISON

Genre : Roman

 

 

Quatrième de couverture :

 

Bride est une femme magnifique.

La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme.

Pourtant, elle a aussi était un choc à sa naissance pour ses parents.

La jeune fille est prête à tout pour gagner l’amour de sa mère, même à commettre l’irréparable.

 

Au fil des années, Bride connaît doutes, succès et atermoiements.

 

Mais, une fois délivrée du mensonge et du fardeau de l’humiliation, elle saura se reconstruire et envisager l’avenir avec sérénité. (…)

 

 

Ce que j'en ai pensé :

 

Deuxième lecture d’un titre de Toni Morrison et mon avis est bien différent cette fois-ci, plus mitigé et réservé que ce que j’avais pu ressentir pour Home (que je vous conseille !).

 

J’ai trouvé celui-ci noir, très noir : il n’y a pas beaucoup de lumière le long de ce chemin effectué par Bride, l’héroïne mais beaucoup de questionnements, sur ce qui s’est réellement passé dans son enfance, avec l’institutrice, Sofia Huxley, sur le pourquoi elle tient tant à la voir, à lui offrir des cadeaux quand on sait qui elle est et pourquoi elle a fait de la prison : pourquoi cette fascination teintée d’angoisse face à cette personne ?

 

Le lecteur sent bien qu’il y a anguille sous roche mais quelle teneur va prendre la révélation finale ?

Quelle « surprise » nous réserve-t-elle ?

 

En début de livre, chaque personnage nous délivre « sa » vérité, sa vision des choses et des événements, ce que j’ai bien aimé puis, petit à petit, les autres s’effacent et ne reste plus que Bride, principalement ou du moins, le fantôme de la petite fille en elle, celle à qui sa mère a appris à courber le dos, à être obéissante en raison de sa couleur de peau, que cette dernière a toujours rejetée.

Une petite fille en manque d’affection et d’amour maternel donc, qui a cherché sa vie durant à se conformer aux attentes des autres plus qu’à ses désirs à elle.

 

On la sent effrayée, sans défense devant la cruauté des adultes, une cruauté que Sweetness croit justifier aux yeux du lecteur, démunie devant le départ sans motif apparent et sans aucune explication de son amant, Booker, un homme en colère, hanté par le souvenir d’un frère trop tôt disparu, par la faute d’un abuseur d’enfants.

 

C’est le thème dominant de cette lecture : les marques, les cicatrices laissées par les blessures d’enfance.

Il y a une véritable concentration d’anciens enfants abusés autour de Lula Ann/ Bride, comme s’ils s’attiraient les uns les autres et cela m’a mise mal à l’aise et m’a semblé « trop ».

De même, j’ai parfois eu l’impression d’un certain épanchement de l’auteur et des personnages dans les détails « crasses » de ces histoires déjà pas simples à évoquer ou à supporter me concernant. C’est un sujet sensible chez moi, qui me met hors de moi et me donne la nausée à chaque fois, ceci expliquant sans doute mon ressenti…

Je ne m’attendais clairement pas à ça et je ne pense pas que j’aurais choisi ce titre en connaissance de cause…

 

Néanmoins, j’ai aimé cette quête de l’héroïne à la recherche d’elle-même, pour exorciser les démons du passé, en finir avec les mensonges et les non-dits, prendre sa vie en main et devenir femme, une femme en paix avec elle-même et avec la petite fille terrifiée au fond d’elle.

 

J’ai aimé la voir évoluer mais j’avoue avoir plus de mal avec les autres personnages, sauf peut-être Booker, dont on comprend la haine et la peur de laisser s’envoler ce frère adulé, admiré, mis sur un piédestal pour enfin tourner la page et continuer à vivre, comme sa famille l’a fait avant lui.

 

Des personnages cabossés par la vie, happés par la violence du monde adulte et surtout par la violence des adultes à leur égard, à l’âge de l’innocence et de l’insouciance, une innocence et une insouciance qu’ils n’ont jamais connues (Rain, Brooklyn, Bride) ou qu’ils ont vues s’éteindre trop vite (Booker), faisant d’eux des adultes boiteux, hantés par ce qu’ils ont vécu.

 

Bref, il n’y a pas beaucoup d’espoir dans tout cela, contrairement aux souvenirs qu’ils me restent de Home.

Certes, ce que vivait les personnages étaient aussi durs et violents qu’ici mais j’avais l’impression qu’une petite lueur d’espoir parsemait le récit alors que dans Délivrances, elle m’a paru venir tard et encore, même l’espoir est teinté de noirceur, me semble-t-il, est bien mince…

 

La délivrance est finalement longue à arriver et est atténuée par les doutes de Sweetness, des doutes que le lecteur ne peut s’empêcher de partager…

 

 

Retrouvez toutes les lectures faites autour de l'auteur chez Enna, en ce jour anniversaire où nous fêtons Toni Morrison !

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A
J'ai adoré Beloved par exemple... Je ne connaissais pas celui-ci.
Répondre
L
Il parait que Beloved est excellent, oui : on me l'a recommandé mais j'avais vu celui-ci à la librairie et j'ai voulu essayé ! J'aurais dû prendre Beloved ^^ même si je ne regrette tout de même pas de l'avoir lu, au moins pour le personnage de Bride.
S
J'ai beaucoup aimé Home aussi. Pour ce titre, je passe - j'ai déjà beaucoup de titres d'une grande noirceur dans ma PAL.
Répondre
L
Je te comprends ^^ Le prochain de l'auteur pour moi sera sans doute L’œil le plus bleu ou Beloved, ils me tentent beaucoup et on me les avait conseillés : je vais rester sur les sentiers balisés cette fois-ci lol ^^
E
Tu as raison, c'est un roman très noir et plus dur qu'il n'y parait au début mais en lisant ton billet, je retrouve aussi des choses que j'ai aimées. Merci de cette participation et une LC vraiment commune puisque j'ai lu le même roman que toi ;-)
Répondre
L
Oui, j'ai aimé certaines choses aussi et notamment le personnage de Bride et son évolution... Bref, une lecture mitigée pour ma part et oui, on a choisi le même sans se concerter, je trouve ça drôle !