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Une Femme d'imagination et autres contes de Thomas HARDY

Genre : Nouvelles

 

Quatrième de couverture :

Dans le Sud-Ouest de l’Angleterre, au début du XIXè siècle, quatre destins de femmes meurtries par l’amour : amour impossible pour un soldat étranger, amour ensorcelé pour un violoniste de village, amour contrarié par un fils trop rigide, amour rêvé pour un homme jamais rencontré…

(…)

 

Ce que j'en ai pensé :

Quatre nouvelles où l’on ressent la bienveillance de l’auteur envers ses personnages, notamment les femmes, dont il relate, d’une plume exaltée, passionnée, fluide et alerte, la condition d’épouse, de mère ou de fille assujetties aux désidératas des hommes qui décident de leur vie à leur place.

 

Dans Le Hussard mélancolique de la légion germanique, le narrateur fait revivre une époque révolue à travers les souvenirs-confessions de Phyllis Grove, recueillis par le narrateur, celle des Hussards d’York, légion germanique au service du roi George III. Une histoire aux forts accents romantiques dans laquelle on se prend immédiatement d’affection pour Phyllis, partagée entre son union programmée avec un homme qu’elle connait à peine, Humphrey Gould mais lui permettrait une ascension sociale de par son statut et entre son amour réel pour l’officier allemand Matthäus Tina. C’est sans doute celle qui m’a le plus émue, avec la seconde.

 

Le Véto du fils s’ouvre sur la vision d’une coiffure de femme élaborée, compliquée et d’une élégance rare, celle de Sophy, épouse du pasteur, Mr Twycott, dans une chaise roulante :

« Pour qui la regardait par-derrière, la chevelure châtain était un prodige et un mystère. Sous le castor sombre surmonté de son aigrette de plumes noires, les longues boucles nattées, torsadées, roulottées comme les joncs d’un panier constituaient un exemple rare, presque primitif, d’ingéniosité artistique. Qu’un tel ouvrage d’entrelacements et d’enroulements fût façonné pour demeurer en l’état une année entière, ou à la rigueur tout un mois de calendrier, cela pouvait se comprendre ; mais que tout l’échafaudage fût régulièrement démoli à l’heure du coucher, au bout d’une unique journée, paraissait un gaspillage inconsidéré de savoir-faire. »

 Suit un deuxième « tableau » : Sophy est désormais veuve, seule avec son fils de 13 ans, Randolph, destiné à suivre les pas de son père. Pour cela, il va dans un des collèges les plus huppés de la capitale et refuse qu’elle refasse sa vie avec son courtisan de jeunesse, Sam, qu’elle retrouve alors. Encore une histoire d’amour contrarié, voué à l’échec, auquel on fait obstacle.

 

La troisième, Le Violoneux des contredanses, est celle qui m’a le moins plu. Le début est un peu poussif. Il s’agit d’une commande passée à l’auteur (comme la plupart des nouvelles qu’il a écrites, d’après les notes de la traductrice, Magali Merle) et l’exposition universelle de 1851 y prend une grande place, sans doute par exigence du destinataire d’où ce début très descriptif, où les personnages m’ont semblé effacés, presque éclipsés par le décor. J’ai eu plus de mal à m’attacher à eux et notamment à Caroline Aspen, la femme de cette nouvelle, envoûtée par Wat Ollamoor et les sons qui sortent de son violon au point de ne plus pouvoir arrêter de danser. Ned, le fiancé éconduit, m’a davantage touchée.

 

Enfin, dans Une Femme d’imagination, Mrs Ella Marchmill, en séjour avec son mari et ses trois enfants dans la station balnéaire de Solentsea, tombe amoureuse du mystérieux locataire qui loge à l’année dans la maison qu’ils viennent de louer et a quitté les lieux afin de leur en laisser la jouissance exclusive. Elle découvre qu’il n’est autre que Robert Trewe, poète dont elle apprécie les œuvres et avec qui elle se trouve régulièrement en compétition et en accord sous son identité de John Ivy, étant obligée de se faire passer pour un homme afin de voir ses propres poèmes publiés, comme les sœurs Brontë à l’époque. Cette nouvelle m’a paru plus piquante que les autres, l’auteur faisant preuve d’une douce ironie mais là encore, toute en bienveillance. On peut sans doute aussi voir des points communs entre cette figure de poète imaginaire et l’auteur lui-même, comme un clin d’œil à son lectorat, notamment dans leur pessimisme et jusque dans leur portrait physique.

 

Une première rencontre avec l'auteur réussie et qui m'a donné envie d'en lire beaucoup d'autres (les billets des autres participants du mois anglais m'ont pas mal influencé aussi ^^ et je sens que mon prochain ne sera autre que Loin de la foule déchaînée : les avis tentateurs de Cléanthe, Tachas et sur le film, l'avis de Claire).

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T
Je vais également parler de ce recueil pendant le mois anglais. J'ai absolument adoré ces quatre nouvelles avec ces destins contrariés, brisés.
Répondre
L
Pareil et je ne m'y attendais pas du tout. Même j'avoue que j'avais un peu d'appréhension après avoir lu Henry James, comme ils sont à peu près de la même période (oui, je sais, il ne faut pas toucher à Henry lol)...
N
J'ai très envie de lire ces nouvelles ! Mais d'abord il faut que je lise Jude et Tess.
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L
Moi j'ai voulu commencer par les nouvelles avant de m'attaquer à Jude et Tess ^^
C
Je suis content que cette decouverte t'ai plu. Je ne connais pas les nouvelles de Thomas Hardy. Je pense que je vais m'y mettre assez vite. En tout cas ton billet donne très envie. Ces quatre nouvelles semblent proposer de beaux portraits de femmes, genre dans lequel Hardy excelle, du moins si j'en crois les romans.
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L
Merci, Cléanthe ! Oui, les portraits de femme brossées par l'auteur sont magnifiques ! J'ai plus qu'à lire les romans maintenant ^^
B
Une lecture des plus intéressantes
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L
Oh oui ! Et de belles histoires portées par une belle plume !
C
avec tous les billets publiés ces derniers jours, j'ai très envie de découvrir l'auteur, mais pas trop envie de m'embarquer dans un pavé...ce titre semble parfait pour débuter!
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L
Exactement : c'est l'idéal je pense pour se faire une petite idée du style de l'auteur ^^