Genre : Littérature jeunesse
Quatrième de couverture :
Agatha vit seule avec sa mère depuis la mort de son père. Elle s’ennuie. Alors elle lit. Tout ce qui lui tombe sous la main. Surtout des romans policiers. Elle lit, et elle imagine des histoires de meurtre et de disparition.
Livre après livre, rêve après rêve, elle grandit. Paris, l’Egypte : Agatha brûle de voir le monde. Elle a soif de goûter à tout ce que la vie peut lui offrir.
Plus tard, Agatha Miller prendra sa plume pour écrire. Son premier roman policier sera signé Agatha Christie.
Ce que j'en ai pensé :
L’auteur de ce merveilleux livre fait revivre une époque : le début du 20ème siècle, entre traditions et modernité, tout comme Agatha, qui a un pied dans le 19ème siècle vieillissant et un autre dans le 20ème naissant. Elle donne donc chair à Agatha Miller, qui deviendra plus tard Agatha Christie, la grande dame du crime que l’on connait à travers ses ouvrages et son personnage emblématique, Hercule Poirot, dont on devine les traits dans la couverture avec ce chapeau coiffant le prénom de la demoiselle et les moustaches qui viennent le souligner ^^.
On fait la rencontre de la jeune adolescente, entre ses 14 et 18 ans. Une petite personne déjà vive d’esprit, intelligente mais d’une grande timidité, perspicace, à l’imagination déjà débordante pour son jeune âge et un sens de la formule très à propos mais aussi celui des convenances dues à son rang et l’éducation de sa mère, Mme Miller, qui veille au grain. Une mère aimante mais parfois très collet monté, intransigeante. La jeune Agatha quant à elle a envie de changement, de sortir d’Ashfield et de Torquay, de voir du pays, d’une vie moins monotone et moins isolée, avec pour seule compagnie sa mère, Mary, la bonne et Mme Potter, la cuisinière. En pension, elle va s’épanouir, faire de nouvelles expériences, rencontrer des jeunes filles plus aventurières qu’elle car on est dans une époque de progrès avec l’apparition du train, des omnibus, des voitures, des premiers vols d’avion… Néanmoins, la place des femmes est encore très traditionnelle, surtout dans la haute société anglaise, dans les vieilles familles comme celle d’Agatha. Elles ne peuvent encore ni conduire ni aller à l’université, elles sont envoyées en pension pour parfaire leur éducation, apprendre les bonnes manières et pouvoir faire un bon mariage. Mais, l’auteur nous montre aussi les changements progressifs, balbutiants, de la société, qui leur laisse une plus grande liberté même si elle reste encore très relative.
A travers Agatha, on découvre toute une famille, la sienne : sa mère donc avec qui elle vit seule depuis le mariage de Madge, sa grande sœur, de 11 ans son aînée, avec qui elle partage une grande complicité. C’est sa confidente et son alliée face à sa mère, quand elle veut la faire fléchir. Il y a également Jack, son neveu et James, le mari de Madge, Monty, son grand frère parti aux Indes, Granny… On fait aussi connaissance avec ses amies : les sœurs Huxley, dont Muriel, qui a le même âge qu’elle et Nan, la belle-sœur de Madge, qui n’a pas froid aux yeux ni la langue dans sa poche.
Notre lecture est parsemée des lectures d’Agatha, lesquelles vont lui inspirer son œuvre future, dont on voit ici les prémices.
J’avais déjà très envie de lire son autobiographie mais cette lecture a encore plus renforcée cette envie car on quitte Agatha à regret, au seuil de sa vie d’adulte, comme on quitte une amie qui nous est chère, avec l’envie de la retrouver sans attendre ! Ce n’est pas seulement Agatha que fait revivre l’auteur, c’est toute une époque et elle le fait divinement bien !