Il s'agit d'un blog contenant les Critiques des livres que j'ai lus. Comme vous vous en rendrez compte, je lis de tout avec une prédilection pour les romans, la fantasy (même si j'ai un peu levé le pied en ce moment avec ce genre) et les policiers/ trillers. Mes auteurs préférés sont : Marc LEVY, Jean-Christophe GRANGE, David EDDINGS pour la Belgariade et la Mallorée, Jean-Louis FETJAINE pour la Trilogie des Elfes et bien d'autres encore dont je vous parlerai sûrement dans ce blog.
Genre : Roman
Quatrième de couverture :
Dans les ruines brûlantes de la cité millénaire de Kaboul, la mort rôde, un turban noir autour du crâne. Ici, une lapidation de femme, là un stade rempli pour des exécutions publiques. Les Talibans veillent. La joie et le rire sont devenus suspects. Atiq, le courageux moudjahid reconverti en geôlier, traîne sa peine. Toute fierté l'a quitté. Le goût de vivre a également abandonné Mohsen, qui rêvait de modernité. Son épouse Zunaira, avocate, plus belle que le ciel, est désormais condamnée à l'obscurité grillagée du tchadri. Alors Kaboul, que la folie guette, n'a plus d'autres histoires à offrir que des tragédies. Quel espoir est-il permis ? Le printemps des hirondelles semble bien loin encore...
Ce que j'en ai pensé :
Encore une fois, j'ai beaucoup aimé. L'auteur a vraiment un talent incroyable pour décrire les lieux et les émotions de ses personnages, suscitant ainsi de nombreux sentiments chez son lecteur. Il parle à notre cœur, nous fait ressentir avec nos tripes tous les événements ayant lieu dans son livre et l'on oublie pour un instant où l'on se trouve. Nous sommes alors à Kaboul, avec Atiq, le geôlier qui s'est construit une carapace tellement épaisse qu'il n'est plus que haine, colère et amertume, mais, une femme va réveiller son envie de vivre, son empathie, va le sortir de sa torpeur et de son état de demi-folie ; avec Mussarat, qui m'a énormément touchée : on sent vraiment son amour pour Atiq, malgré sa maladie qui la diminue et malgré la brutalité dont celui-ci fait preuve à son égard, elle lui reste dévouée ; avec Zunaira, la belle qui va sombrer pour une humiliation de trop infligée à sa dignité par les talibans. Elle a un fort caractère et souhaite conserver le peu de fierté qu'il lui reste :
« Je suis incapable de passer devant une horreur et de faire comme si de rien n'était. D'un autre côté, je refuse de porter le tchadri. De tous les bâts, il est le plus avilissant. Une tunique de Nessus ne causerait pas autant de dégâts à ma dignité que cet accoutrement funeste qui me chosifie en effaçant mon visage et en confisquant mon identité. (…) Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain ni une bête, juste un affront ou une opprobre que l'on doit cacher telle une infirmité. (…) Ne me demande pas de renoncer à mon prénom, à mes traits, à la couleur de mes yeux et à la forme de mes lèvres pour une promenade à travers la misère et la désolation ; ne me demande pas d'être moins qu'une ombre, un froufrou anonyme lâché dans une galerie hostile. »
Impossible de ne pas s'attacher à eux, j'étais véritablement à leur côté, soucieuse de connaître leur sort et de voir comment ils allaient s'en sortir. La fin m'a serré la gorge, laissée sans voix et heureuse de vivre en France, où même si tout n'est pas rose tous les jours, notre sort en tant que femmes est mille fois plus enviable que celui de ces femmes-là.
Pour ce qui est du décor, on s'y croit réellement : la chaleur, l'étau autour de Kaboul, le désespoir et la tristesse des habitants, la violence banalisée par les exécutions publiques auxquelles tous assistent et laissent libre court à leur côté bestial et qui donnent l'impression d'assister au « spectacle », un peu comme les jeux du cirque à Rome, les femmes qui rasent les murs, vêtues de leur tchadri qui les fait paraître comme des fantômes, les déshumanise et la surveillance constante de vos moindres faits et gestes par les talibans : tout y est et rend l'ambiance pesante, suffocante, tendue.
« Au diable vauvert, une tornade déploie sa robe à falbalas dans la danse grand-guignolesque d'une sorcière en transe ; son hystérie ne parvient même pas à épousseter deux palmiers calcifiés dressés dans le ciel comme les bras d'un supplicié. Une chaleur caniculaire a résorbé les hypothétiques bouffées d'air que la nuit, dans la débâcle de sa retraite, avait omis d'emporter. Depuis la fin de la matinée, pas un rapace n'a rassemblé assez de motivation pour survoler ses proies. Les bergers qui d'habitude poussaient leurs maigres troupeaux jusqu'au pied des collines, ont disparu. A des lieues à la ronde, hormis les quelques sentinelles tapies dans leurs miradors rudimentaires, pas âme qui vive. Un silence mortel accompagne la déréliction à perte de vue. (...) »
Une vraie réussite !
Enfin, je tiens à le dire : j'aime les mots de Yasmina KHADRA, vraiment, sa plume est magnifique, intense et me transporte à chaque fois.
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