Genre : Roman
Quatrième de couverture :
Le beau monde, Frances Thorpe n’en fait pas partie.
Secrétaire de rédaction pour un journal, elle regarde briller les gens de lettres et les artistes dans les articles qu’elle corrige.
Jusqu’au jour où elle croise sur sa route une voiture accidentée et recueille les derniers mots de la conductrice.
La famille souhaite la rencontrer.
Le mari de la victime n’est autre que Laurence Kyte, un grand écrivain.
Ses enfants, Teddy et Polly, sont superbes.
Frances les observe.
Elle veut être avec eux.
Elle veut être à leur place.
A tout prix.
Ce que j'en ai pensé :
Cette lecture m’a laissé une impression semblable à celle éprouvée lors du visionnage d’un film de Woody Allen, le seul vu à ce jour (Vicky Cristina Barcelona) : c’est lent, il ne se passe pas grand-chose, l’histoire en elle-même n’a rien d’extraordinaire et pourtant, on reste happé par notre lecture, comme scotché devant notre écran, devant le tableau dressé par l’auteur de son personnage principal.
Elle réalise une fine analyse de Frances Thorpe, en toute simplicité, avec toute la complexité du personnage : une opportuniste qui va saisir l’occasion qui s’offre à elle de faire partie de ce monde qu’elle envie tant et qui, pour cela, s’introduit insidieusement, subrepticement, dans la vie de cette famille dont le nom est reconnu comme un grand nom de la scène littéraire contemporaine, celle d’Alys et de Laurence Kyte.
Tout le monde n’y voit que du feu et ne comprend pas les intentions cachées de notre héroïne sous ses dehors compatissants, attentionnés et empathiques, bonne pâte et à l’écoute de Polly dans un premier temps, la benjamine de la fratrie, égoïste et immature, qui aime s’écouter parler et se faire plaindre.
Du pain béni pour Frances !
Le lecteur, lui, est aux premières loges de ce véritable coup monté, il partage les faits et gestes, les pensées et les petites graines semées, l’air de rien, par Frances, qu’elle n’aura plus ensuite qu’à se baisser pour recueillir !
On la voit manigancer dans l’ombre pour prendre doucement mais très sûrement la place de l’absente, Alys, tout cela à l’aide de son don d’observation acéré et de ses talents d’écoute, ce qui est rendu plus facile par son apparence de fille invisible, terne et banale, une fille qu’elle était encore il y a peu, jusqu’à ce que l’accident réveille ses ambitions endormies et ne vienne bousculer sa petite vie bien rangée, en ayant des incidences jusque dans son travail…
Un loup caché sous l’apparence d’un agneau…
Un loup très ordinaire.
Un roman « particulier », que j’ai bien aimé, alors que ce n’était pas gagné au départ, j’ai eu du mal à m’immerger dedans dans un premier temps, du fait peut-être de cette lenteur et cette absence d’une réelle histoire.
Pour être plus claire, ce n’est pas qu’il n’y a pas d’histoire mais l’auteur nous conte une histoire somme toute assez ordinaire (même si on ne rencontre pas tous les jours des Laurence Kyte ^^ mais bon, je veux dire ordinaire dans le genre possible, réaliste, sans fioriture, accessible, à laquelle on peut croire sans peine, proche de la vie « réelle» finalement, du fait certainement de son personnage principal, Frances, qui pourrait être comme n’importe qui d’autre dans la vie de tous les jours).
Puis, sans m’en rendre compte, je me suis trouvée happée, prise dans les filets de Frances, moi aussi, incapable de décrocher et désireuse finalement de savoir si ses plans allaient aboutir, captivée, fascinée par son côté manipulatrice.
Une manipulatrice qui la joue fine, diablement machiavélique !
L’histoire tient davantage sur cette tension, sur cette attente en fin de compte.
Je suis contente d’avoir découvert cette auteur (grâce à un avis de MyaRosa, si mes souvenirs sont bons) vers laquelle je reviendrai certainement.
Si vous êtes vous aussi tentés, ne vous laissez pas décourager par l’aspect « bloc » du texte, qui peut rebuter (il n’y a pas de découpage en chapitres, juste un texte en un seul bloc, séparé par des sauts de ligne entre chaque « partie »).
Une petite curiosité de lecture à découvrir ! J'espère vous avoir donné envie, même si mes mots ont été parfois maladroits, j'en ai bien conscience. Difficile de rendre toute l’ambiguïté et la richesse de cette lecture en quelques lignes !